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Journées d'études Hyperinterprétation - jour 1 - matin - 2024-03-18

Créé le 18/03/24

https://www.iri.centrepompidou.fr/hyper-interpretation-et-savoir-a-lepoque-des-data/

Maison Suger – 18 et 19 mars 2024 – 16 rue Suger, 75006 Paris

Journées organisées par Franck Cormerais et Armen Khatchatourov

PROGRAMME

LUNDI MATIN

Vincent Puig, Institut de Recherche et d’Innovation, Centre Pompidou

Éric Guichard, ENSSIB, Laboratoire Triangle ENS-Lyon – CNRS

Franck Cormerais, Université Bordeaux-Montaigne, laboratoire MICA

Anne Lefebvre, ENS Paris-Saclay.fr, Centre de recherche en Design

Manuel Zacklad, Laboratoire Dicen-IdF, CNAM

Résumé des interventions

Du sémantème au Web herméneutique : vers une nouvelle écologie de l’industrie documentaire ?

Vincent Puig, Institut de Recherche et d’Innovation du Centre Pompidou.

Si l’Organon d’Aristote est un fondement de l’interprétation (Peri Hermeneias), et donc l’organologie de Bernard Stiegler une forme technique de l’herméneutique, il est possible de tisser un lien du concept de sémantème chez Ruyer jusqu’au « web herméneutique », les objets-fonctions et les réseaux sociaux fondés sur le groupe. Une forme de raison organologique articulée aux prétentions synthétiques des IAG pour fonder une nouvelle écologie de l’industrie documentaire.

Machines à interpréter, écriture numérique et capitalisme

Éric Guichard, ENSSIB, laboratoire Triangle ENS-Lyon, CNRS.

Nos soucis d’interprétation proviennent plus que nous le croyons des limites techniques de l’écriture. La culture de l’écrit, dont la dimension collective est évidente, se déploie pour réduire ces soucis d’interprétation. Il s’ensuit que l’écriture influe fortement sur le cadre de l’interprétation. Mais elle la rend aussi potentiellement mécanisable.

Dans un contexte où les catégories «social», «technique» et «intellectuel» sont difficilement dissociables, la confiscation de l’écriture numérique par des multinationales normalise par le bas l’interprétation et nos représentations du monde. La possibilité d’une autonomie de la culture de l’argumentation s’en trouve menacée si elle ne s’explicite pas en tant que projet politique. Ce qui reste possible, si celles et ceux qui savent écrire décident de fonder une culture de l’écrit stable et partageable.

Etudes digitales, hyper-interprétation et (trans)-formation des savoirs.

Franck Cormerais, Université Bordeaux-Montaigne, laboratoire MICA

Nous chercherons à montrer comment les méthodes liées à la grammatisation contemporaine rendent possible un travail interprétatif à partir des données (hyper-interprétation) qui fait dialoguer les savoirs dans une interscience, renouvelant par là même l’herméneutique et sa tradition.

Pour une compréhension ou une interprétation écologique de l’information

Anne Lefebvre, ENS Paris-Saclay, Centre de Recherche en Design.

Le concept d’information est souvent soupçonné d’être porteur d’une approche quantitative de la donnée, peu propice à une compréhension de la production du sens ou de la signification. Nous voudrions éprouver la pertinence de la compréhension alternative, foncièrement relationnelle, qu’en donne Gilbert Simondon (en toute son œuvre et plus particulièrement dans les deux premiers cours qui composent le recueil Information et communication, paru en 2010 aux éditions de La Transparence), pour l’appréhension sinon l’évaluation de cette production, à l’heure des échanges ou communications digitales. La critique de l’approche quantitative de la donnée qui y émerge, n’est redevable ni d’une pensée du langage ni d’une pensée de l’interprétation du signe. Attentive aux conditions matérielles des systèmes d’information, elle ouvre pourtant la voie d’une analyse écologique des trajectoires ou modalités de transduction de l’information qui, de notre point de vue, constitue une sérieuse piste de réflexion pour la conception réfléchie de ces systèmes par le designer et l’évaluation de la valeur des connaissances ainsi partagées. C’est du moins ce que nous tenterons de montrer en nous intéressant au cas singulier de la fake news.

Autorité documentaire transmédiatique en régime de numérisation intensive et de systèmes d’organisation des connaissances connexionnistes

Manuel Zacklad, CNAM, laboratoire Dicen-IdF

Dans cette présentation, où nous nous inscrivons en faux par rapport à l’idée d’une prétendue « révolution des données », nous analyserons les nouveaux régimes de documentalité associés à la numérisation intensive, à l’industrialisation de la production de contenus à faible valeur sémiotique et au détournement des supports et des chaînes éditoriales. Si le document est toujours au cœur de la possibilité de faire institution, notamment dans la sphère scientifique, il est nécessaire de repenser les modalités de la documentarisation dans une logique transmédiatique.