Animée par Giuseppe Longo (ENS-CNRS-AAGT)
L’analyse phylogénétique du vivant se propose d’ordonner a posteriori dans le temps les apparitions des différents traits partagés entre espèces. Les corps biologiques sont des mosaïques historiques dont les pièces ont été assemblées (ou perdues) de manière contingente, sous les contraintes des environnements passés et en relation avec les autres membres des divers écosystèmes. Nul programme, nulle destinée ne gouverne le déploiement évolutif de la biodiversité. Il en va de même pour le changement des écosystèmes, et pour le développement embryonnaire qui est en lui-même un phénomène évolutif. En particulier, il est primordial de saisir que les espèces qui s’éteignent ne se réduisent pas à quelques chiffres ou à des spécimens figés pour l’éternité au fond de collections muséales. Le phénomène d’extinction se décline par degrés et dans une pluralité de processus « zombies » qui persistent au niveau des dynamiques écologiques et évolutives. Sans oublier que la perspective d’extinction interroge notre rapport à la nature à travers ce que l’on nomme les « extinctions studies » et notre propre angoisse face aux risques d’effondrement sociaux et humains, par rapport à laquelle nous essayerons de réfléchir à l’urgence actuelle et réelle de la crise de la biodiversité.