tabsAtelier monnaie de contribution écologique 2023
- Objectif de l’atelier
Travailler dans le cadre d’échange informels menés en petit groupe sur la pertinence, les implications et les conditions de possibilité d’une monnaie locale permettant de rétribuer la contribution des habitants au mieux-vivre écologique et social de leur territoire. Chaque séance est découpée en quatre temps : (i) une intervention introductive en lien avec le thème de la séance, (ii) un temps de retours de la part de chacun des participants, (iii) une discussion générale, (iv) une synthèse animée par le coordinateur.
- Argumentaire
L’IRI porte depuis de nombreuses années des propositions relatives au déploiement d’une économie contributive. Il s’agit de créer les conditions d’un renforcement du pouvoir d’agir des habitants sur leur environnement, se traduisant par la rétribution de leur contribution à des activités permettant de faire face à des problématiques territoriales par le développement de savoirs singuliers. Ce travail se mène à présent à l’aune de l’expérimentation d’un nouveau type de monnaie locale complémentaire à l’échelle de Plaine Commune, qui débutera en 2024. Poursuivant l’objectif d’une accélération de la transformation écologique du territoire et d’une valorisation de l’engagement des habitants, il s’agit en effet d’adosser cette monnaie locale “de contribution écologique” à un Fonds de transition permettant de récompenser leur implication dans des actions écologiques et solidaires, qui seront recensées et co-conçues au travers d’une méthode d’animation territoriale.
Dans ce cadre, cette séquence d’ateliers de travail se propose d’explorer en petit groupe les conditions d’un croisement entre principe de rétribution de la contribution d’une part, et les dynamiques portées par les monnaies locales complémentaires d’autre part. Une réflexion sera ainsi proposée sur la valeur d’utilité écologique et sociale d’une monnaie en lien avec les 2 modes d’action suivants : coordonner, coopérer, délibérer. Il s’agira plus particulièrement de s’arrêter sur le statut du contributeur comme complément possible au statut historique du contribuable, qui se trouve limité au paiement de l’impôt et, partant de là, proposer en contrepoint à la variété des prélèvements sociaux (contribution sociale généralisée etc.), la conception de mécanismes sociaux et écologiques permettant de financer cette rétribution en monnaie locale. Enfin la question de la valeur de la contribution sera posée, notamment au travers d’indicateurs écologiques et sociétaux
tabsÉdition 2020 : Exorganologie III - Remondialisation, Localités et modernité
Quel est le périmètre de l’individuation collective dont nous posons avec Simondon qu’elle conditionne l’individuation psychique, et comment ce périmètre et cette condition peuvent-ils être configurés par l’individuation technique ? Questionner ainsi, c’est examiner comment s’entr’appartiennent ce que nous avons appelé les exorganismes simples, les exorganismes complexes inférieurs et les exorganismes complexes supérieurs.
Pour explorer ces questions, nous passerons par Les deux sources de la morale et de la religion et par ce que Bergson y considère comme le clos et l’ouvert. Nous tenterons en outre de comprendre ce qu’Augustin Berque tente d’établir à travers la mésologie qu’il élabore à partir de son interprétation du Fûdo du Watsuji Tetsurô. A partir de là, nous reviendrons vers les énoncés de Marcel Mauss autour de la question de l’internation, de leurs limites, et de leur nécessité.
Nous tentons d’établir dans ce séminaire que la localité n’est pas soluble dans le devenir – sauf à en éliminer tout avenir.
tabsENMI 2022 : Organisation du Vivant, Organologie des Savoirs
Technodiversité, biodiversité, noodiversité : nouveaux régimes de l’habiter
Dans le cadre du programme européen Marie-Curie NEST
En partenariat avec l’Association des Amis de la Génération Thunberg
15 et 16 décembre 2022
Petite Salle – Centre Pompidou 16ème édition
Pour repenser l’anthropos à lumière de l’entropocène, nous proposons de revenir aux racines philosophiques et historiques ou, en d’autres termes, à une épistémologie historique qui permette d’exercer une critique de l’alliance qui s’est construite, au cours d’un siècle et à partir d’une pensée scientifique emprise de mécanicisme, entre un nouveau scientisme, la technoscience du numérique, et les formes contemporaines de la gouvernance. En s’appuyant sur des notions floues d’information et de programme génétiques, aux conséquences fortes, on a produit une technoscience qui déborde aujourd’hui sur le vivant. Dans le même temps, les développements technologiques issus des révolutions industrielles successives désorganisent profondément le vivant, conduisant à ce qui est couramment appelé la sixième extinction de masse de l’histoire de la Terre, appelant une réforme du rapport entre technologie et vivant. Les démarches systémiques pour repousser les contraintes de notre fonctionnement se font au prix d’une exposition de plus en plus brutale à l’effondrement, révélant les limites mentales, physiologiques, sociales et même planétaires de l’idéologie du « il faut s’adapter ».
De nombreuses études critiques font état du rôle politique des nouvelles technologies du numérique, dans ses deux développements les plus importants, l’informatique et l’intelligence artificielle, et dans leurs conséquences pour la compréhension du vivant. Les réseaux informatiques permettent une centralisation nouvelle de l’information, voire la gestion des activités humaines par des monopoles privés et par des gouvernements aux ambitions autoritaires croissantes. Des machines nous reconnaissent et nous suivent, proposent des réponses à des questions mal posées, en raison du formatage programmé qui précède et canalise nos pensées, nos actions et nos désirs. Numérique et biologique constituent aujourd’hui le nouveau milieu noétique dont nous devons prendre soin.
tabsSéminaire Monnaie 2022
Dans une économie de la contribution, la complémentarité des monnaies pourrait permettre de représenter les interactions entre deux modes de mise en valeur des savoirs. D’une part, le brassage et l’enrichissement de ces savoirs dans les ateliers de capacitation doit entraîner leur propagation dans les autres activités économiques du territoire, pour en renouveler les pratiques et la gouvernance collective dans une logique de soutenabilité et de solvabilité. D’autre part et en conséquence, le droit au revenu contributif est alors conditionné par une alternance entre des périodes de capacitation, et des périodes d’emploi dans des structures publiques ou privées partenaires des ateliers de capacitation
bookAtelier Prendre soin du numérique de la Chaire Numérique et citoyenneté (ISEP-ICP)
Atelier Prendre soin du numérique de la Chaire Numérique et citoyenneté (ISEP-ICP)
tabsENMI 2021 : La société intermittente : La vie dans le (négu)antropocène
15ème édition
https://enmi-conf.org/wp/enmi21/
29 et 30 novembre 2021
Crises écologiques, crises économiques, crises sanitaires : nous nous trouvons dans la situation paradoxale où l’impératif d’aller toujours plus vite nous a amenés, ainsi qu’une grande partie de la société mondiale, au point de rupture.
Les démarches systémiques pour repousser les contraintes de notre fonctionnement se font au prix d’une exposition de plus en plus brutale à l’effondrement, révélant les limites mentales, physiologiques, sociales et même planétaires de l’idéologie du « il faut s’adapter ».
Entre une société intermittente imposée par l’effondrement de nos environnements sociaux et biologiques et une réorganisation de la société et du travail reconnaissant notre propre besoin d’intermittence, les Entretiens du nouveau monde industriel cherchent à explorer : 1) la relation entre une société de plus en plus « malade » et la réduction du travail aux enjeux de la productivité et de l’emploi et 2) les formes que pourrait prendre cette nouvelle organisation de la vie sociale.
Argumentaire
Nous savons depuis les débuts de la crise du coronavirus à quel point nous avons affaire à ce qui n’est pas seulement une « pandémie », mais aussi une « syndémie », c’est-à-dire une contagion dont la viralité est tout autant le produit des circonstances sociales que de la biologie (Richard Horton, The Lancet, 2020; Barbara Stiegler 2020). Le risque d’être affecté par le SARS-CoV-2 est subordonné à une série de marqueurs sociaux, notamment l’ethnie, le sexe et la classe, via des facteurs tels que la taille et la densité des logements, l’accès aux espaces verts et les types de travail que l’on peut effectuer. Il est également exacerbé par une série de symptômes indissociables de notre culture obsessionnelle et implacable du travail et de la disponibilité. Les chocs cytokiniques liés à la fatalité de la COVID-19 surviennent avec le plus de véhémence chez les personnes qui souffrent déjà d’une mauvaise santé mentale, d’un mode de vie sédentaire, d’un manque de sommeil, d’un burnout et d’un régime alimentaire induisant l’obésité, y compris le diabète (Luzi & Radaelli 2020) – qui sont à leur tour des symptômes de l’organisation délétère de la culture occidentale, laquelle est structurée autour d’un concept de vie défini par la concurrence et par la productivité non-stop. Nous nous trouvons dans la situation paradoxale où le fait d’être « toujours actif » nous a amenés, ainsi qu’une grande partie de la société mondiale, au point de rupture (Han 2015; Chabot 2013) – et où la paralysie déclenchée par la COVID-19 n’est que l’exemple le plus visible de ce qui ressemble de plus en plus au fonctionnement intermittent de notre avenir entropocénique. Nous avons eu la chance d’évoluer en parallèle de la remarquable stabilité environnementale du Pléistocène, mais « la terre ferme écologique » est désormais tout sauf donnée. Qu’il s’agisse des incendies de forêt, des inondations et de l’activité volcanique perturbant la chaîne d’approvisionnement, jusqu’à l’effondrement imminent de la biodiversité ou des famines qui poussent les agriculteurs vers le terrorisme et des maladies zoonotiques libérées par la déforestation qui se propagent dans des méga-fermes génétiquement homogénéisées et résistantes aux antibiotiques, se dessinent à l’horizon de multiples tendances qui laissent entrevoir une société bousculée de manière récurrente par des moments de paralysie. En l’absence de « plan B » viable en cas d’effondrement technologique, nous sommes exposés à des risques similaires en raison de notre dépendance toujours croissante à des équipements de survie qui font partie de la monoculture technologique du réseau électrique et d’Internet (Letwin 2020).
Comment pouvons-nous empêcher la société de ne devenir fonctionnelle que par intermittence, pour autant que cette éventualité soit encore possible ? Ou serait-il préférable d’embrasser l’intermittence, en tant que partie de la bifurcation nécessaire pour nous éloigner de l’effondrement et vers ce que Bernard Stiegler, fondateur des ENMI, a appelé le « néguanthropocène » ? Nous suggérons qu’un élément de réponse à ces questions repose sur la redécouverte d’une idée qui était au centre, bien que de manière souvent implicite, de l’œuvre de Stiegler, à savoir que la vie elle-même est intermittente, n’éclatant que dans les moments de désautomatisation anti-entropique des sommeils habitués, qu’ils soient dogmatiques ou physiologiques. Ce principe de vie intermittente se vérifie depuis l’entrée en cryptobiose du tardigrade jusqu’à l’estivation et l’hibernation des formes de vie telles que les amphibiens et les mammifères (D’Amato 2021), qui illustrent tous la tendance à la dormance et à la minimisation de l’effondrement entropique, ponctuées de moments d’activité néguentropique. Cela est particulièrement vrai dans le cas de notre « vie noétique » à nous, les « animaux non inhumains par intermittence » (Stiegler 2008 : 317-9). Pendant la majorité de l’histoire de notre espèce, depuis la domestication des plantes et des animaux pour assurer une disponibilité énergétique, à la mécanisation du travail manuel et des stimulants de plus en plus puissants que nous fabriquons pour neutraliser la douleur physique, les efforts pour minimiser l’intermittence de la vie biologique ont servi de condition préalable au déploiement de la vie noétique, en libérant du temps et des ressources énergétiques pour que les gens se consacrent à la culture de l’art et de la pensée (Diamond 2017: 311-2). Mais, alors que l’automatisation oblige les travailleurs à surpasser les robots et que le capitalisme 24/7 mène la guerre contre le sommeil (Crary 2013), la thérapie a cédé la place à une toxicité qui menace de nous faire sortir de la « zone Goldilocks » des habitats technologiques vivables.
Les démarches systémiques pour repousser les contraintes de notre fonctionnement forcément intermittent se font au prix d’une exposition de plus en plus brutale envers notre tendance à l’effondrement, révélant les limites mentales, physiologiques, sociales et même planétaires de l’idéologie qui nous dit que « il faut s’adapter » (Barbara Stiegler 2019) : que nous n’avons pas d’autre choix que de nous adapter à tout changement poussé dans notre direction. Les pressions de sélections artificielles du capitalisme contemporain nous ont amenés au-delà des « marges de tolérance des infidélités du milieu » dans lesquelles, pour Georges Canguilhem, consiste la santé (1966: 171). Placés face au choix contraint entre une société intermittente imposée par l’effondrement de nos environnements sociaux et organiques et la réorganisation de la société et du travail autour d’une reconnaissance de notre propre besoin d’intermittence, il nous incombe d’explorer : 1) la relation entre une société de plus en plus « malade » et la défectuosité des idées reçues actuellement dominantes quant à la vie et au travail comme se résumant aux enjeux de la productivité et de l’emploi ; et 2) les formes que pourrait prendre cette nouvelle organisation de la vie sociale. En ce qui concerne ce dernier point, il y avait au départ un optimisme considérable quant au fait que la COVID-19 servirait comme de catalyseur à une bifurcation indispensable, provoquant une révolution dans des domaines tels que le travail, l’éducation et la sécurité alimentaire. On a donc beaucoup écrit ces derniers temps sur les « gains de productivité » de la semaine de travail de quatre jours, alors qu’à travers la planète, le désir de dépasser la précarité liée à l’approvisionnement « juste à temps » a renouvelé l’intérêt pour la production alimentaire locale et saisonnière et la gestion des terres, donnant naissance à de nouveaux modèles de « résilience » fondés sur la diversification et la coopération, la résilience étant ici comprise comme la capacité de rebondir après un choc. À la lumière de notre prise de conscience croissante de l’impact délétère de l’idéologie de la disruption (Stiegler 2016), une question est de savoir si une approche du travail substantiellementdifférente pourrait éviter, ou au moins dans un premier temps, minimiser ces chocs. Dans quelle mesure une insistance renouvelée sur les « localités néguanthropiques » et le travail de « construction de niches », c’est-à-dire la participation des organismes à la création de leurs propres milieux, peut-elle remplacer un modèle de développement mondial culturellement impérialiste et standardisé ?
Inspiré du régime français des intermittents du spectacle, le programme Territoire a Apprenant Contributif développé par l’IRI en Seine-Saint-Denis expérimente déjà de nouvelles formes d’intermittence qui s’opèrent autour du travail – compris comme un moment de développement des savoirs – et de l’emploi – compris comme le temps de labeur d’adaptation durant lequel les savoirs sont habituellement sacrifiés pour un gain économique à court terme (Stiegler 2015). Ces expériences comprennent la création d’espaces numériques pour la vie noétique, conçus pour compléter les structures dé-noétisées de l’emploi contemporain, ainsi qu’un modèle de revenu contributif qui pourrait préserver le besoin de repos réfléchi, tout en promouvant un travail socialement valable. Nous souhaitons explorer ces approches, ainsi que d’autres, alternatives et diverses, pour repenser la vie professionnelle et la vie des sociétés, dans le cadre des Entretiens du Nouveau Monde Industriel de cette année, qui se tiendront les 29 et 30 novembre 2021.