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Ingénierie du Vivant 2.0 : La biologie synthétique en question

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Cycle 2009 de Débats Publics co-organisés par VivAgora, La Cité des sciences et de l’industrie, L’Institut de recherche et d’innovation (IRI) du Centre Pompidou Ingénierie du Vivant 2.0  La biologie synthétique en question

1 - Contexte et origine du projet

Fidèle à sa mission de mise en débat public des choix scientifiques et technologiques, VivAgora propose pour 2009 d’explorer les avancées, perspectives et projets des acteurs de la biologie synthétique. Elle invite le grand public à débattre des enjeux cognitifs, éthiques, sanitaires, sociétaux, soulevés par l’émergence de ces innovations dans le monde vivant. Elle propose ce parcours d’échanges afin de débattre des enjeux liés à cette nouvelle ingénierie du vivant. En interrogeant les fins et les moyens avec les acteurs concernés, VivAgora entend ainsi contribuer à une responsabilisation des parties-prenantes et à des politiques durables et éthiques pour accompagner la biologie synthétique.

VivAgora s’associe à la Cité des sciences et de l’industrie et à l’Institut de recherche et d’innovation (IRI) du Centre Pompidou pour réaliser cette série de rencontres. Les organisateurs proposent ainsi un parcours d’échanges et d’interaction pour aider les parties prenantes (entreprises, investisseurs, chercheurs, administrations…) concernées de société à • S’approprier le sujet, • Comprendre les enjeux, • Contribuer à des politiques durables et éthiques, fondées sur la confiance.

2 - Positionnement

La biologie synthétique connaît un développement fulgurant depuis quatre ans. Soixante-dix entreprises, près de dix mille laboratoires dans le monde, et pas moins de dix-huit programmes européens contribuent actuellement à cet effort pour la réalisation d’organismes vivant synthétiques. Cette discipline qui s’ancre dans la biotechnologie moderne, utilise le vivant comme une réserve de composants ou « biobriques fonctionnelles » pour fabriquer des circuits, à la manière de l’électronique. Elle matérialise les visions du biologiste américain, d’origine allemande, Jacques Loeb qui, au tournant du XXème siècle parlait d’ingénierie du vivant dans une approche mécaniste des « choses animées ». Elle s’inscrit dans l’aspiration d’Hermann Muller, généticien proche de Thomas Morgan, spécialiste de l’hérédité, qui était obsédé par la question du contrôle sur l’Evolution1. Le biologiste polonais Waclaw Szybalski, prédit l’avènement de la biologie synthétique en 1978 : «  Jusqu’à maintenant nous avons été dans la phase descriptive de la biologie moléculaire. Mais le vrai défi commencera avec la recherche d’une biologie de synthèse : nous allons diviser les nouveaux éléments de contrôle et ajouter ces nouveaux modules aux génomes existants ou bien construire entièrement de nouveaux génomes. Ce sera un champ d’expansion illimitée pour fabriquer des circuits mieux contrôlés et des organismes synthétiques comme des souris améliorées. Je ne m’inquiète pas sur l’excitation et les idées nouvelles qui vont alors fuser dans ce domaine ». La biologie synthétique n’est pas un perfectionnement de la biologie moléculaire, qui se cantonne à modifier des gènes, même si elle en exploite les découvertes (bases physico-chimiques de la vie) les résultats (séquençage des génomes) et les outils (synthèse, assemblage…). Alors que la création des OGM (organismes génétiquement modifiés) se limite à des transferts de portions de gènes, la biologie synthétique élabore sur mesure des « OGF », organismes génétiquement fabriqués. L’objectif est de réaliser des « bio-raffineries miniatures » pour obtenir des produits pharmaceutiques, réparer des tissus, décontaminer des sites pollués, élaborer des biosenseurs, produire de l’énergie (biocarburants)…. Alliant les deux courants opposés, descendants et ascendants (réductionnisme moléculaire et biologie des systèmes) mais aussi les technologies de l’information (électronique et software), la biologie synthétique figure la convergence des technologies. Elle est possible aujourd’hui, à la fois parce que l’on sait synthétiser - en masse et à bas prix - des séquences codantes d’ADN, support de l’information héréditaire, et parce que la puissance de l’informatique et de la modélisation permet de disséquer, comprendre et concevoir les systèmes vivants Elle considère le vivant comme une « boîte à outils, une réserve de composants ou biobriques pouvant être assemblés à la manière de Lego  ». Selon Rob Carlson, ingénieur électronicien à l’Université de Washington, et converti à la biologie synthétique, « les techniques d’ingénierie génétique sont terriblement primitives s’apparentant à un troc de morceaux de voitures pour aboutir à un meilleur véhicule. Mais notre ignorance va s’estomper et l’ingénierie biologique va devenir très vite réalité ».

Avec la biologie synthétique se met en place une véritable révolution dans la manière de pratiquer la biologie : ingénierie, cahier des charges, optimisation, contrôle, standardisation, open-source, approche ludique (biohackers), optimisme (on s’amuse), bricolage sont les maîtres mots d’une démarche qui tranche avec l’appréhension angoissée des « biotechnologues » d’Asilomar en 1975.
Ce nouvel état d’esprit ainsi que les constructions biologiques attendues méritent d’être explicités. Il s’agira d’explorer les enjeux sociétaux (éthiques), sanitaires et économiques de cette ingénierie du vivant :

Que penser de cet état d'esprit ludique, apparemment insouciant, de ce : "on s'amuse" ? L'inquiétude d'Asilomar est-elle ici véritablement dépassée, ressort-elle ici sous une autre forme, ou encore prend-elle la forme d'une revendication du type d'un gay savoir ? Comment se noue-t-elle à une revendication d'extra-territorialté de la recherche, dès lors qu'il s'agit ici de créer des briques vivantes, et d'une recherche extrêmement proche, chronologiquement, de sa propre application? Quels sont les buts poursuivis ? Quelle transformation introduit-elle dans notre rapport au vivant ? Quels sont les risques encourus ? Quels seront les effets sur la biodiversité, l’évolution ? Comment vont se recomposer les entreprises concernées (pétrochimie, agro-alimentaire, pharmaceutique) ?

3 - Conception du cycle - Calendrier et lieux

Le cycle de débats que VivAgora propose visera à mettre en lumière cette « nouvelle culture » et l’état d’esprit dans lequel se développe un nouveau « rapport au vivant ». Le cycle est proposé comme un processus exploratoire. Il n’a pas vocation à produire des recommandations. Il vise à créer un dialogue entre les parties prenantes pour les aider à repérer les interrogations, les attentes, pour construire en interaction une hiérarchie des points à surveiller collectivement.

Manière de faire

La construction du cycle respectera les principes de la « méthode de VivAgora » : - L’information est traitée en amont par la publication de fiches « Repères ».
- Les rencontres sont conviviales (disposition de type « cafés », sans formatage par les experts) - Un grand témoin (personne pressentie : Dominique Leglu) aide à expliciter les « jeux d’acteurs » et à soutenir le questionnement commun. - Chaque débat est l’objet d’un compte-rendu faisant apparaître les pistes de recommandations. - La dernière séance est une interpellation des acteurs en responsabilité (institutions de recherche, pouvoirs publics, industriels) de manière à ce que cette coopération multi-acteurs se traduise en nouvelles pratiques publiques et privées

Les communications et échanges seront enregistrés et suivi selon le mode « cartographie des idées » proposé par Jean Michel Cornu de la FING (voir http://www.cornu.eu.org/news/nous-avons-non-pas-un-mais-deux-modes-de-pensee Les enregistrements seront traités par l’indexation du logiciel « ligne de temps » pratiquée par l’IRI (resp : Sacha Loeve) et permettront une discussion inter-débats en ligne.

Comité de pilotage

Le programme est mis en place par un Comité de pilotage constitué de : Bernadette Bensaude-Vincent, Professeur de philosophie et d’histoire des sciences à Paris X David Bensimon, biologiste à l’Ecole Normale supérieure (ENS), Herve Chneiweiss, neurobiologiste au Collège de France Antoine Danchin, biologiste à l’Ecole Normale supérieure (ENS) Olivier Le Fèvre (Genoscope), Jean Claude Guillebaud, éditeur Seuil Pierre-Henri Gouyon, directeur de recherches au MNHN, professeur à l’Agroparistech Michel Morange, historien des sciences à l’ENS Paule Pérez, éditrice