Depuis 1993, avec le world wide web qui a rendu accessible à tous ce que Clarisse Herrenschimdt a appelé l’écriture réticulaire, l’université est entrée dans un nouvel âge. L’avènement de la technologie numérique constitue une nouvelle épistémè affectant la nature même des savoirs sous toutes leurs formes. Ce fait majeur, massif, et à bien des égards stupéfiant, requiert le développement de digital studies – d’études digitales. De nouvelles conditions de publication, de confrontation, de certification et d’éditorialisation des savoirs se mettent en place. Elles correspondent aux nouvelles règles et méthodes heuristiques, herméneutiques, didactiques et pédagogiques qui tout à la fois en surgissent et s’en emparent, formant l’épistémè du XXIè siècle selon un processus dynamique qui doit pousser les institutions académiques, l’industrie et le monde économique à coopérer pour en produire une vision à long terme au-delà du story telling dont le marché est devenu l’agent permanent.
Le but de ce colloque est à la fois de faire une sorte de panorama des grandes questions épistémologiques qui se posent dans le contexte de ce que nous avons cru pouvoir appeler l’épistémè numérique, et de recommander des évolutions à la puissance publique et à l’institution académique dans son ensemble qui soient pleinement inscrites dans une perspective privilégiant fondamentalement le développement et la transmission des savoirs – et non seulement de la modernisation de la pédagogie ou du développement de compétences nouvelles, ce qui est par ailleurs indispensable.