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Édition 2012 : Digital Studies, organologie des savoirs et technologies industrielles de la connaissance.

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Séminaire organisé en partenariat avec l’ENSCI-Les Ateliers, l’Institut Télécom, Alcatel Lucent Bell Labs, la direction de l’innovation de France Télévision et France 5 et Microsoft France

Le but de ce séminaire et du colloque qu’il prépare est d’appréhender la question des digital humanities à partir de la question plus large et plus radicale des digital studies conçues comme une rupture épistémologique généralisée – c’est à dire affectant toutes les formes de savoirs rationnels – , mais aussi comme une rupture anthropologique – dans la mesure où ce sont aussi les savoirs empiriques sous toutes leurs formes qui sont altérés.

Cette approche « organologique » d’essence théorique vise à fournir des axiomes et des théorèmes pour des activités pratiques de conception, de prototypages, de réalisation et d’expérimentation des instruments de recherche contributive, de production collaborative et de diffusion des savoirs dans la recherche, dans les enseignements supérieur, secondaire et élémentaire, et dans les entreprises comme dans l’ensemble de la société.

Une telle ambition pratique impose sans doute de repenser en profondeur les liens entre politique culturelle, politique éducative, politique scientifique, politique industrielle, politique des médias et citoyenneté. Ces questions pratiques, politiques et économiques doivent rebondir et rétroagir sur le plan théorique s’il est vrai qu’à travers des effets tout d’abord appréhendés sous forme de « questions sociétales », les technologies numériques sont intrinsèquement « pharmacologiques » , comme cela a été fortement mis en évidence au cours des dernières années, aussi bien par l’ouvrage de Nicholas Carr déjà mentionné que par des travaux anciens – tels ceux dédiés au cognitive overflow syndron – , ou, plus récemment, par la presse quotidienne française et par les questions soulevées dans de nombreux pays aussi bien dans le monde de la psychiatrie sous l’angle notamment de l’addiction, ou encore dans la théorie littéraire et la théorie des médias lorsqu’elles s’attachent à penser les déformations de l’attention induites par les médias numériques (cf. par exemple Katherine Hayles).

Non seulement le caractère pathogène et toxique du numérique ne saurait être contourné, mais en tant qu’il est aussi curatif, comme l’écriture dont parlait Platon sous le nom de pharmakon – et le numérique est la forme actuelle et industrielle de l’écriture – , pathologie, toxicité et thérapeutique constituent peut-être les questions les plus vives dans le champ des études à venir quant aux technologies numériques s’il est vrai qu’elles viennent au cœur de la pratique pédagogique et de la conception du rôle même des établissements d’enseignement scolaires et universitaires.