Programme La notion d’éditorialisation telle qu’explorée par le séminaire depuis quelques années comme renouvellement des processus d’écriture et de lecture, embrasse l’ensemble des dispositifs permettant la structuration et la circulation du savoir. Ainsi, bien au-delà des aspects techniques qu’elle inclut dans sa définition, l’éditorialisation sous-tend une production de sens et, par là-même, la production de visions du monde.
Mais cette production de sens engage plus largement encore des transactions informationnelles permettant d’élargir l’impact de l’éditorialisation au monde des objets physiques et aux modes d’existence. L’espace d’information est devenu un espace d’action sur le réel, en témoignent les dynamiques collectives à l’œuvre au travers des dispositifs d’éditorialisation. En modifiant structurellement les objets, nos échanges informationnels opérés au travers des éditorialisations sont performatifs. On éditorialise tout aussi bien son compte en banque qu’un produit acheté sur un store en ligne et on est désormais enjoint de s’éditorialiser soi-même, au travers de ses multiples profils.
L’éditorialisation de soi relève cependant d’une intentionnalité particulière en tant qu’elle participe à la construction de l’identité de chacun, mais aussi en tant qu’elle préfigure le collectif à l’œuvre dans l’ensemble des dynamiques collectives de négociation du réel, qui définissent selon Gérard Wormser les processus d’éditorialisation.
En explorant la question de l’éditorialisation de soi, le cycle de cette année s’intéressera de près à la notion de profil, comme forme nodale des modes d’existence, d’habitat et de traversée de l’environnement numérique. En tension avec le collectif ou le corps qu’il façonne, mais aussi comme architecture potentielle du savoir, le profil permettra de réinterroger les notions d’autorité (comment l’éditorialisation autorise les savoirs ?), de littératie (l’éditorialisation relève-t-elle d’un savoir ?) et de confiance (comment l’éditorialisation affecte-t-elle les régimes de confiance ?).
– Ce cycle est réalisé en collaboration par la revue Sens Public, l’Iri, l’Université de Montréal, le laboratoire DICEN-Idf, l’Université de Bordeaux et l’Université de technologie de Compiègne, et soutenu par la MSH Paris-Nord. Il a été créé en 2009 en partenariat avec le laboratoire Invisu (INHA-CNRS).