L’éditorialisation est un processus complexe résultant des interactions entre des contenus (ou des ressources), un environnement technique (le réseau, les serveurs, les plateformes, les CMS, les algorithmes des moteurs de recherche), des structures et formats (l’hypertexte, le multimédia, les métadonnées), et des pratiques (l’annotation, les commentaires, les recommandations via réseaux sociaux). Ce processus d’organisation et d’agencement des contenus numériques est par essence ouvert et dynamique. Une éditorialisation, en tant que dispositif de mise en forme et de structuration d’un contenu, n’est pas limitée à un contexte fermé et bien délimité (une revue, par exemple) ni à un groupe d’acteurs prédéfinis (les éditeurs), mais implique au contraire une ouverture dans l’espace (multiplicité de plateformes) et dans le temps (plusieurs acteurs sur des temporalités multiples). Cette ouverture est une des principales différences entre l’édition et l’éditorialisation. Si l’édition telle que nous l’avons connue entre le XVIIIe siècle et nos jours a été le principal dispositif de production et d’agencement de la connaissance, sa fonction est aujourd’hui progressivement bouleversée et renouvelée par l’éditorialisation qui transforme en profondeur les modes de circulation et d’appropriation des idées. Dans ce cadre : que devient la recherche qui a justement fondé son régime de vérité sur l’édition et la publication ? Comment la recherche, l’activité de production de la connaissance par excellence, est-elle modifiée par les pratiques numériques ? C’est la question à laquelle le séminaire de cette année tentera de donner une réponse, proposant une réflexion sur différents aspects de la recherche - notamment dans le domaine des SHS - impactés par les nouvelles formes d’éditorialisation. Nous proposerons une analyse de ces nouveaux modèles de recherche, à partir des formes de publications qui ont émergé depuis la naissance du web - comme les blogues - en passant par les pratiques de veille et de récolte de l’information par les chercheurs, les questions d’archivage et le problème de la légitimation des contenus.