La dynamique de l’éditorialisation numérique en général et des réseaux sociaux en particulier transforment profondément les modes de subjectivation dans l’espace public. L’évolution des techniques de soi est accompagnée par un nouveau régime de traces qui se démultiplie dans le développement des plateformes de publication en ligne (blog, réseaux sociaux, social bookmark, économie du partage). Ce régime de la trace numérique contribue à mutation d’un rapport à soi à travers les thèmes de la conversion (métanoïa) et de la confession (aveu). Une herméneutique du sujet aujourd’hui ne peut se concevoir sans un détour par la convertibilité des données et les modes d’écriture associés à des « exercices existentiels ». Par ailleurs, l’économie politique de ces plateformes numériques de l’aveu et du don repose entièrement sur la reconstruction a posteriori du sujet, de l’auteur. Big datas et algorithmes sont les nouvelles technologies de la confession au service d’une subjectivation de soi (Klout, dis-moi à quel point je suis influent !), mais surtout d’une subjectivation au service des pouvoirs qu’ils soient marketing ou juridico-politique. Entre confession et confiscation se joue un destin d’une individuation qui par le biais du « web 2.0 » relance, à travers les Humanités digitales et ses méthodes, la question difficile d’une définition actuelle de l’auteur.
Amar Lakel, maître de conférence à l’Université Bordeaux 3
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