Intervenants : Raphaële Jeune, Jean-François Augoyard, Bruce Begout
Dans son article intitulé « Styles attentionnels et relation esthétique », Jean-Marie Schaeffer distingue deux styles cognitifs : le style convergent et le style divergent. « Concrètement [écrit-il], un style cognitif correspond à une manière spécifique de traiter l’information, de résoudre des problèmes et d’acquérir des compétences. Dans le cas de la relation esthétique, c’est le premier aspect – la façon de traiter l’information – qui est pertinent : pour s’engager dans une relation esthétique avec un objet, et notamment avec un texte, il faut choisir une stratégie cognitive spécifique, adopter un style cognitif particulier, une manière particulière de traiter l’information. Il existe de nombreuses classifications des styles cognitifs, mais tous ont la même structure. Cette structure est bipolaire, l’hypothèse étant que les stratégies cognitives concrètes qu’adoptent les individus sont situées le long d’une ligne continue qui relie les deux pôles. […] Les classifications se superposent au sens où les premiers pôles des différents modèles sont des aspects différents d’une même stratégie : la démarche gestaltiste, le fait de s’en remettre au champ contextuel, l’holisme et la convergence saisissent tous une même stratégie sous des aspects (ou parfois simplement sous des termes) différents. Il en va de même pour le deuxième pôle : le style analytique, le fait de négliger le champ contextuel, le sérialisme, l’innovation, et la divergence sont des traits caractérisant un même style, opposé au premier. Parmi tous ces couples, le modèle qui distingue entre style convergent et style divergent est le plus utile pour saisir la spécificité de la stratégie cognitive qui préside à la relation esthétique car il met l’accent sur ce qui en constitue sans doute le trait principal : la catégorisation retardée. » Le style divergent décrit par Jean-Marie Schaeffer n’est pas sans rappeler l’attention scanning (balayage attentionnel) à l’œuvre dans l’expérience esthétique de l’art abstrait décrite par Anton Ehrenzweig dans son ouvrage « L’ordre caché de l’art ». Dans cette séance, nous souhaitons jeter les bases cognitive et phénoménologique d’une perception et attention ambiantale, procédant d’un processus d’hyper dissémination attentionnelle et sémiotique, et permettant à l’individu la perception d’une ambiance par une construction cognitive.