Intervenants : Yves Citton, Roberto Simanowski, Elie During et François Deck
A partir des transformations organologiques que nous avons analysées, pourrait-on à présent redéfinir l’enjeu de la muséographie, du muséographe et du commissaire d’exposition ? Consisterait-il aujourd’hui à créer des ambiances des expositions artistiques qu’il réalise ? Comment peut-on créer une ambiance esthétique conçue comme « sensation (esthétique) résultant d’un processus cognitif d’hyper-dissémination attentionnelle et sémiotique, dont l’activité de synthèse herméneutique[28] aboutit à une inattention exclusive à un objet esthétique, mais à une sensation floue et indéfinie d’un ensemble esthétique plus vaste composé de plusieurs objets esthétiques » ? En tant que metteur en scène de l’exposition, comment le muséographe et commissaire d’exposition peuvent-ils programmer une dissémination attentionnelle et sémiotique, et composer des attentions et des signes entre eux, provenant de chacune des œuvres exposées ? C’est ainsi un type de compositionnalisme attentionnel et sémiotique auquel œuvrent le muséographe et le commissaire d’exposition. L’idée d’une forme d’attention composée, c’est-à-dire d’une attention qui aurait la faculté de relier des attentions et des signes, éclatés par différents objets d’art, permettrait de constituer et de faire apprécier une ambiance. Le muséographe et commissaire d’exposition ne travailleraient plus à développer une attention profonde chez le visiteur, celle requise pour l’expérience esthétique de l’œuvre d’art, mais à une attention disséminée, dynamique et composée.