L’Institut de Recherche et d’Innovation a le plaisir de vous inviter à la quatrième séance de son cycle de séminaires “Economie de la contribution & monnaies”. À partir des principes de l’économie contributive et des ateliers mis en place en Seine-Saint-Denis dans le cadre de l’expérimentation “Territoire Apprenant Contributif”, l’objectif de ce cycle est de mener une réflexion à la fois théorique et pratique autour d’un "revenu contributif" et des conditions de son insertion dans une socio-économie locale qui pourrait être caractérisée par la coexistence de plusieurs monnaies.
La séance du 8 juin abordera la comptabilité comme une technique permettant d’éclairer le lien entre monnaie et argent. La monnaie est faite de conventions renouvelées et de responsabilités assumées et situées dans des localités et temporalités d’activités humaines singulières, c’est-à-dire faite de relations. Tandis que l’argent soumet ces relations à un système plus globalisé et imposant son propre temps. Actuellement, valoriser en comptabilité d’entreprise c’est inscrire à l’actif la valeur de « choses productives », pour un montant en argent correspondant à l’emploi fait de « ressources » financières, humaines et naturelles. Mais dans une économie contributive, l’entreprise prend part à des ateliers de capacitation et salarie par intermittence des habitants ayant pratiqué collectivement leurs savoirs dans ces ateliers. Elle vient ainsi honorer une dette vis-à-vis de son territoire de vie, prenant acte de ses dépendances et contractant des engagements vis-à-vis de son milieu d’existence. Plus généralement, les entreprises contributives pourraient comptabiliser au passif des coûts de préservation du « travail » biophysique des écosystèmes, et du travail social de pratique des savoirs, c’est-à-dire du travail hors emploi. Elles contribueraient ainsi à faire monnaie autour des échanges d’argent.
JACQUES RICHARD, professeur émérite de gestion, université Paris-Dauphine
Il existe divers types de dettes, certaines pouvant être destructrices et d’autres vectrices de préservation. Au moyen-âge par exemple, des dettes de compensation régulées par les autorités administratives permettent de « soigner » les ruptures sociales ; il y a bien des versements monétaires à effectuer mais jamais de remboursement de prêts d’argent ou d’intérêts à payer. Nous allons montrer que la discipline comptable et notamment son concept de capital-dette est indispensable pour aller vers une économie écologique et sociale