https://www.iri.centrepompidou.fr/hyper-interpretation-et-savoir-a-lepoque-des-data/
Maison Suger – 18 et 19 mars 2024 – 16 rue Suger, 75006 Paris
Journées organisées par Franck Cormerais et Armen Khatchatourov
Alberto Romele, Université Sorbonne Nouvelle.
Pierre-Antoine Chardel, IMT-BS – LAP, CNRS / EHESS.
Jacques A. Gilbert, Université de Nantes, Laboratoire LAMO
Dans cette présentation, nous tenterons d’expliquer le concept d’hyperinterprétation à la lumière de la production et de l’utilisation d’images. Nous distinguerons trois phases : (1) une première phase de production mécanique d’images ; (2) une deuxième phase qui est celle des systèmes de catalogage d’images, allant des archives Bettmann aux images de stock ; (3) enfin, une troisième phase dans laquelle ces archives servent de base d’entraînement pour l’IA générative.
On constate encore un écart entre nos modes de vie ordinaires et les possibilités ouvertes par des technologies numériques qui sont trop généralement appréhendées sous l’angle de l’hyper-consumérisme. Les médiations technologiques ne sont pas bien sûr seules en question. C’est plutôt un mode dominant de relation au monde (et son économie des affects) qui doit nous interroger, celui qui s’organise autour d’un zapping cognitif permanent, non sans créer des régimes d’attention devenant littéralement insoutenables. Telle est la situation paradoxale où nous nous trouvons massivement dans nos sociétés hypermodernes. Afin de pouvoir envisager de surmonter cette situation, il semble impératif d’apprendre à considérer les milieux numériques comme un champ de possibles devant appeler des efforts d’interprétation – voire d’hyper-interprétation – renouvelés.
Aristote oppose la logique à la dialectique. La première repose sur des prémices certaines et peut aboutir à une conclusion certaine alors que la seconde repose sur des prémices incertaines et appelle à la prudence, notamment en matière politique. Pourtant la « raison » (logos) des machines, celle qui leur permet de parler, comme les robots conversationnels, est essentiellement d’ordre probabilitaire. Dans ce contexte, quel type de prudence faut-il développer ?