tabsSéminaire Permanent 2024
Edition 2024 du séminaire permanent de l'IRI
bookAutomédias : Le Médiactivisme Disrupté ?
Que ce soit le geste auto-médiatique produit à la volée par un seul individu avec un smartphone, ou l’entreprise collective automédiatique déjà aperçue dans le champ des luttes démocratiques, qui réinvente les formes des médias tactiques et des médiactivistes, l’automédiation désigne l’autoproduction et l’autodiffusion de l’information à caractère politique par l’usage ou la réinvention des appareils et circuits de communication numériques.
Telle est la définition donnée de l’Automedia en introduction du dossier de recherche collectif publié par l’organisation du même nom dans le numéro 6 des Cahiers Costech. Pourtant si l’automedia et l’automediation semblent hériter de l’avant-garde des médias tactiques ou plus largement de la tradition médiactiviste, leurs réinventions à l’époque des technologies, des plateformes numériques et de l’Intelligence Artificielle apparaît – encore aujourd’hui – davantage comme un enjeu à conquérir qu’une réalité socio-technique établie. Si une transformation médiatique s’opère bien sous l’effet des conditionnements provoqués par la numérisation des supports de communication, les enjeux politiques visés par la tradition médiactiviste ne sont pas assurés d’être renouvelés.
Au contraire, le contexte infrastructurel dans lequel ces nouvelles pratiques s’élaborent semble davantage témoigner des mutations culturelles du capitalisme de l’information que d’un renouvellement de la posture contre-hégémonique2 propre au médiactivisme qui nécessiterait – entre autres – une souveraineté technologique et une nouvelle organisation économique médiatique. Exceptions faites de quelques programmes numériques tels que Discord, Mastodon, Telegram, Mobilizon l’écrasante majorité de la communication sur Internet se fait aujourd’hui sur les grandes plateformes du capitalisme numérique, qu’il soit américain (Facebook, X, YouTube, Instagram, Twitch, Linkedln, etc.) ou chinois (TikTok), quelle que soit la sensibilité ou l’intention politique des émetteurs.
Plus précisément, le tournant numérique du médiactivisme semble vider le mouvement de sa radicalité comme pour tenter d’en désamorcer l’ambition politique, tout en capitalisant sur les volontés et les expressions numériques de ses participants. Si les technologiques numériques et celles de l’Intelligence Artificielle sont pourtant susceptibles d’apporter des puissances politiques nouvelles au médiactivisme3, nous faisons ici l’hypothèse d’une corruption de ses finalités politiques par le contexte techno-économique auquel celles-ci sont désormais soumises. Un processus que Bernard Stiegler nomme : disruption.
Dans son ouvrage " États de choc, Bêtise et savoir au 21ème siècle", Stiegler développe les analyses de Naomi Klein publiées dans " La Stratégie du choc : la montée d’un capitalisme du désastre" pour conceptualiser une « stratégie du choc technologique où ce sont les conditions d’autonomie et d’hétéronomie des institutions académiques au sens large […] qui se trouvent radicalement modifiées » par un contexte techno-économique propre à engendrer des innovations destructrices. Une analyse que Stiegler redéveloppera quelques années plus tard dans son ouvrage "Dans la Disruption, Comment ne pas devenir fou ?" pour en généraliser le procédé, au-delà de l’assaut porté contre les institutions étatiques par un techno-capitalisme libertarien.
Cependant, l’intérêt majeur de l’analyse stieglerienne consiste dans l’apport de concepts visant à déconstruire la posture d’opposition politique afin de renouveler les formes du combat (devenant techno-politique) et faire émerger des réponses propres à son devenir technologique.
Ainsi, à la suite de Jacques Derrida, Stiegler rappelle la nature pharmacologique de la technique (toute technique est à la fois poison et remède) et prône la bifurcation plutôt que la révolution pour proposer une stratégie de combat contre la disruption. Si « la question [pharmaco-politique] est toujours de renverser le poison en remède », alors l’enjeu politique n’est plus tant de s’opposer à ce devenir pour revenir à la tradition médiactiviste que de faire bifurquer ce devenir vers des formes politico-médiatiques numériques qui peuvent résoudre certaines apories de la tradition médiactiviste.
Ainsi, nous proposons de nommer automedia le concept médiatique qui a résulté d’une disruption du médiactivisme par le capitalisme numérique pour redéfinir le/la médiactiviste en YouTuber ou en Tiktoker. L’enjeu de ce séminaire est double. Il consistera d’abord à approfondir l’hypothèse de cette disruption constituant l’automedia en innovation destructrice du mouvement médiactiviste. Il consistera ensuite à s’interroger sur les devenirs et les formes potentielles d’une pharmaco-politique de l’automedia pour penser et former son devenir positif.
Plusieurs évolutions nous permettent de caractériser cette disruption et de distinguer le modèle automediatique en train d’émerger du modèle médiactiviste dont il est issu. Nous remarquons deux évolutions majeures par rapport au médiactivisme : auto-media désigne des principes d’auto-production et des principes d’auto-matisation technologiques au sein d’entreprises de productions médiatiques. Automedias synthétise ainsi une déclinaison sémantique à partir du préfixe « auto- » pour produire au moins deux significations. Dans l’histoire technique du médiactivisme, les dynamiques d’auto-production étaient réservées à quelques initié.e.s issu.e.s du monde de la production audiovisuelle et/ou cinématographique, qui se réunissaient en groupe pour produire une fabrique collective. A l’inverse, la fabrique automédiatique veut pouvoir être pratiquée individuellement et être incarnée par tout un chacun.e sur des appareils de communication et plateformes numériques, sans requérir des compétences techniques (audiovisuelles) ou technologiques spécialisées. D’autre part, les processus d’auto-matisation technologique se trouvent aujourd’hui renouvelés par les technologies numériques et les technologies de l’Intelligence Artificielle et font entrer la circulation de l’information dans une nouvelle ère de production médiatique qui n’existait pas durant les années soixante-dix, à la naissance du médiactivisme. Les séances mensuelles de ce séminaire qui s’étaleront jusqu’à l’été 2024 proposeront chaque fois d’étudier des points saillants de cette disruption. Elles tenteront également d’en proposer des bifurcations afin de constituer le concept d’automedia et la pratique de l’automediation comme une transformation positive du médiactivisme à l’époque numérique et de l’Intelligence Artificielle.
tabsÉdition 2024 : Écologie et organologie de l’industrie
Pour une bifurcation vers l’éco-technologie et les nouvelles localités industrielles
1 – Thème des entretiens
Le 12 mai 2023 en visite à Dunkerque, ville du Nord érigée par l’Élysée en symbole de sa politique de réindustrialisation tournée vers la transition écologique, Emmanuel Macron a confirmé l’implantation d’une usine de batteries du taïwanais Prologium (3000 emplois, investissement de 5,2 milliards d’euros) ainsi que la construction prochaine d’une usine de batteries électriques au lithium (1700 emplois, investissement de 1,5 milliard d’euros) fruit d’un partenariat entre le français Orano et la société chinoise XTC. Selon le vice-président de ProLogium1, ces projets de « gigafactorys » constituent un « véritable écosystème pour les batteries dans le nord de la France ».
A quelle « écologie » cet « écosystème » fait-il référence ? S’il procède bien d’une « planification écologique » s’appuie-t-il sur des dynamiques territoriales durables ou répond-il d’abord à un contexte géopolitique national et international ? Ne faut-il pas renoncer à la notion d’écosystème quand celle-ci n’a plus aucun des caractères anti-entropiques et historiques que l’on trouve dans le vivant ?
Dans le cadre de nos entretiens, pour mieux comprendre les enjeux et les tensions et proposer de nouvelles approches industrielles, nous partons de la richesse et de la diversité des « localités » qui produisent de nouveaux savoirs. Est-ce que les fablabs, les usines distribuées, les circuits courts, l’économie circulaire, les projets low-tech et les coopératives numériques peuvent contribuer à une dynamique d’innovation ascendante qui crée une « nouvelle écologie industrielle » ?
Écologie et industrie. Au premier abord, les deux termes semblent antinomiques tant l’actualité politique dresse de plus en plus les défenseurs de l’environnement contre les tenants d’un capitalisme vert ou d’un techno-solutionnisme éclairé comme seul remède possible à la crise. Loin de tout retour à une ère post-industrielle, ne faut-il pas repenser à la suite de Bernard Stiegler une ère hyper-industrielle comme porte de sortie au modèle productiviste de la même manière que la Convention et le Saint-Simonisme posaient l’industrie comme une nouvelle révolution ?
La question de l’industrie était déjà à l’origine de la création de l’association Ars Industrialis en 2005 qui proposait de partir de cette définition pour la critiquer et la dépasser : « L’industrie est ce qui suppose du capital libre s’investissant dans de la technologie permettant de gagner en productivité et de réaliser des économies d’échelles ». Comment aujourd’hui repenser cette question de la productivité et donc de la production dans ce que beaucoup évoquent comme une nécessaire « transition » ? Or, même le discours sur la « transition », se révèle être, à tout le moins sur le plan énergétique, au mieux une injonction consensuelle car non définie, ou au pire une contre-vérité scientifique et historique comme le soutient aujourd’hui Jean-Baptiste Fressoz2.
Plus que celle de la transition, notre hypothèse est celle de la « bifurcation »3 à la suite de Gilbert Simondon et Bernard Stiegler. Elle tient d’une part qu’il n’y a pas d’écologie possible sans organologie et sans pharmacologie et que, d’autre part, repenser l’écosystème de l’industrie c’est d’abord penser la technologie comme un écosystème. Ne faut-il pas ici tisser des relations d’échelle et des analogies entre l’industrie et la technologie telle que théorisée par Simondon ? Une « éco-technologie » pour reprendre le terme jamais employé par Simondon mais tel qu’il est discuté dans l’ouvrage collectif dirigé Jean-Hugues Barthelemy et Ludovic Duhem4 ou plus récemment par Victor Petit dans l’ouvrage coordonné par Mathieu Triclot5 mais qui était déjà discuté dans les colloques de Cerisy organisés par Vincent Bontems en 2016 et en 20236.
Cette question de l’éco-technologie est à l’opposé d’une vision « verte » de l’industrie qui se réduit le plus souvent à diminuer l’impact énergétique, ou l’impact carbone. C’est une vision systémique qui reconsidère des localités de production où la question du « rendement » ou du « progrès » s’envisage à la suite de Simondon d’abord comme une « concrétisation » c’est-à-dire une optimisation métastable du couplage des individus (biologiques, techniques, sociaux) à leurs milieux. N’est-ce pas une autre manière de s’interroger sur la mécroissance ? N’est-ce pas aussi une adresse aux designers pour concevoir des dispositifs capables d’intégrer les contraintes des grandes échelles dans un fonctionnement local ? Une dynamique visant à développer une nouvelle forme de « bienveillance dispositive » qui croise, à bien des égards, ce que l’on nomme aujourd’hui le mouvement « low-tech » et une forme d’extension industrielle des Fablabs ?
Cette nouvelle écologie industrielle serait en réalité imprégnée d’un « milieu » numérique qu’il n’est plus légitime d’isoler comme une filière indépendante. Pourtant, ce milieu apparaît plus que jamais à la fois comme le poison et le remède. Un pharmakon qui, par son impact énergétique (le numérique représente 10% de la consommation énergétique avec un doublement tous les 4 ans), à la fois révèle (apokálupsis) et masque l’ampleur d’une crise qui n’est pas qu’énergétique et environnementale puisqu’elle affecte aussi nos pratiques sociales et intellectuelles. En effet, le déploiement massif des systèmes de traitement de grandes masses de données, dits « d’intelligence artificielle » affecte à présent profondément le monde du travail et de l’industrie mais aussi la production de savoir et la vie de l’esprit. De même que nos systèmes biologiques sont bouleversés par une réduction dramatique de la biodiversité, l’hégémonie des plateformes numériques planétaires et leur utilisation massive de l’IA pour produire du code provoque une perte de technodiversité dans les environnements de développement et favorise aussi, par la maximisation du probable, une menace pour la noodiversité. Nous sommes inexorablement entrainés dans une nouvelle course à la croissance du recours au calcul qui produit une civilisation non pas trop technicienne mais mal-technicienne selon l’expression du philosophe Gilbert Simondon7. Comment, dès lors, repenser une industrie non seulement éco-responsable et sobre, voir ouverte à des renoncements positifs8 mais aussi plus ouverte à de nouvelles formes de savoirs, savoir-faire et savoir-vivre ? Quelles analogies et perspectives croisées pouvons-nous tisser entre le soin de la Terre et le soin de nos écosystèmes industriels ? C’était déjà l’enjeu de nos derniers Entretiens du Nouveau Monde Industriel en 2022 sur le thème « Organisation du vivant, organologie des savoirs » et en 2023 sur « Jeux, gestes et savoirs ». Il s’agit aussi cette année de croiser à nouveaux frais cette question des écosystèmes industriels avec l’enjeu déterminant de la fabrique de la ville, objet de nos Entretiens en 20189.
Penseur des territoires apprenants, Pierre Veltz tient que cette nouvelle industrie façonne et est à la fois modelée par le territoire. Elle oblige à repenser à nouveau frais la localité, loin de tout localisme national ou de vision uniforme de la « relocalisation ». De multiples dispositifs et labels nationaux entendent y contribuer : Territoires d’industrie, Territoires d’innovation, Contrats de relance et de transition, Cœur de ville, Petites villes de demain, …10 L’approche nécessite bien une vision, non seulement technocratique, mais aussi politique dans un contexte où les frontières traditionnelles de la « production » se brouillent, hors du clivage production (artificiel)/engendrement (naturel), et où la production ne s’oppose plus à la « consommation ». Cette approche relancerait peut-être la nécessité d’une articulation sobre et durable, d’une intermittence garantie à tous, entre outil et milieu, entre l’usine et la ville, entre autonomie et hétéronomie, entre travail et emploi. Intermittence au cœur de la proposition de l’économie contributive expérimentée par l’IRI en Seine-Saint-Denis à travers le programme Territoire Apprenant Contributif et la monnaie locale ECO11.
2 – Contexte des entretiens préparatoires
Comme chaque année pour préparer les Entretiens du Nouveau Monde Industriel, l’IRI organise un séminaire favorisant le dialogue et les échanges avec des contributeurs de diverses disciplines et de différents domaines industriels. En croisant pensée théorique et expériences de terrain – y compris celle conduite par l’IRI en Seine-Saint-Denis – il s’agit cette année de tenter de penser les conditions d’une bifurcation vers le design de nouveaux milieux industriels. Cette nouvelle « écologie de l’industrie » – à la fois méthode et système – est ici pensée comme une organologie au sens de Bernard Stiegler en ce qu’elle articule à nouveau frais les écosystèmes biologiques, technologiques et socio-économiques. Elle s’appuie sur la pensée simondonienne d’une éco-technologie pour reconfigurer de nouvelles localités industrielles en prise directe avec les bouleversements géopolitiques et cosmotechniques contemporains. Au redéploiement industriel des années 80/90 permis par la planétarisation des techniques numériques des réseaux (technosphère) et au mythe de l’industrie sans usines, a succédé une géopolitique de l’anthropocène qui impose de repenser l’articulation entre l’industrie et la société et entre production et (re)génération, la place des travailleurs et des habitants, le rôle de la science et la question de la redistribution de la valeur.
Le séminaire préparatoire est programmé les 25 et 26 juin en partenariat avec la FMSH (Maison Suger) et les Entretiens des 18 et 19 décembre au Centre Pompidou concluront cette année de travaux en favorisant au maximum la présentation de méthodes d’expérimentation concrètes notamment de la part des pouvoirs publics, de l’ESS et des acteurs de la nouvelle industrie décentralisée comme des grands groupes.
lien :
tabsSéminaire Monnaie 2024
Afin d’alimenter le travail entrepris dans le projet ECO de monnaie locale de contribution écologique et sociale, ce séminaire s’intéresse notamment au schéma du financement de la bifurcation sociale écologique présenté dans le livre mais aussi à la dimension communautaire et la dimension du crédit mobilisées.
bookJournées d'étude Hyperinterprétation - 03/2024
Hyper-Interprétation et savoirs à l’ère du digital : concepts et méthodes
https://www.iri.centrepompidou.fr/hyper-interpretation-et-savoir-a-lepoque-des-data/
Maison Suger – 18 et 19 mars 2024 – 16 rue Suger, 75006 Paris
Journées organisées par Franck Cormerais et Armen Khatchatourov
Argument
A l’heure du dernier stade de la grammatisation, celui des algorithmes et des données, – après les stades de l’alphabet et de l’imprimerie -, il convient de repenser la hiérarchisation et la circulation du savoir scientifique au regard des « technologies de la connaissance » et de l’analyse du langage. La transformation simultanée des régimes du document et des régimes de vérité implique l’expérimentation de nouvelles formes de recherche relatives aux formes de lecture et d’écriture.
En proposant le concept d’hyper-interprétation, l’objectif de ce colloque consiste à dégager les perspectives ouvertes par une approche organologique du savoir, basée sur la relation entre dispositifs techniques et formes de réflexivité qui allient les littératies et les numératies.
L’hyper-interprétation pose la question de la synthèse de plusieurs instruments de connaissance complémentaires qui sont nécessaires à l’évolution de l’activité des chercheurs. Le premier système, dit primaire, regroupe l’ensemble des publications scientifiques éditées qui concourent à la construction des heuristiques de la découverte et de l’expérimentation. Le système secondaire développé durant le XXème siècle favorise l’accès aux contenus primaires par le biais de catalogues des bibliothèques, des archives ouvertes de corpus et de bases de données d’enquêtes. Enfin, le troisième système regroupe l’ensemble des données et des hyperdocuments qui font l’objet d’un traitement spécifique de la part du chercheur et qui concourent à de nouvelles formes de signifiance. Il peut s’agir de graphes, de cartes, de réseaux, d’algorithmes de clusterisation ou de classification, de modèles de langages qui sont soumis à un traitement qualitatif ou quantitatif par le biais d’outillages dédiés.
L’hyper-interprétation renouvelle les conditions du travail interprétatif à travers le triptyque (traces, empreintes, langages) et superpose plusieurs systèmes documentaires qui traduisent l’évolution de l’action de la recherche dans toutes les disciplines en redistribuant les formes du dicible et du visible dans la perspective des Etudes Digitales. Après le concept de Digital Humanities, où les sciences de l’homme et de la société rencontrent les technologies, les Digital Studies, qui concernent toutes les formes de savoir, est une épistémogenèse des savoirs à l’heure des collectifs de connaissances ouvertes (open science).
L’hyper-interprétation repose la question de la configuration des savoirs comprise, non pas comme des traitements de données, mais plutôt comme le renouveau d’une culture de l’argumentation et de la délibération mettant en jeu, autour des textes et des corpus, un dialogue interscience qui couple compréhension et explication pour aborder un « faire sens ».
En partenariat avec :
tabsENMI 2023 : Jeux, Geste et Savoirs - Jouer, pour une puissance d’émancipation dans un monde de calcul
Jeux, gestes et savoirs
Jouer, pour une puissance d’émancipation dans un monde de calcul
En collaboration avec la Bibliothèque Publique d’information du Centre Pompidou, l’Association Épokhè et le programme européen NEST Partenariat : Cap Digital et Études digitales
17ème édition
18 et 19 décembre 2023
Petite Salle – Centre Pompidou
Peut-on jouer avec une machine ? et qu’est-ce qu’une machine ? Ce sont des questions anciennes qu’il s’agit de reposer à l’aune de la disruption Chat GPT. Tel pourrait être le défi de ces Entretiens du Nouveau Monde Industriel tant l’usage grand public des modèles statistiques de langage introduit une disruption massive dans nos pratiques noétiques et le développement de nos savoirs et réinterroge la question fondatrice du « jeu de l’imitation » introduite par Alan Turing. En effet, l’hypothèse ici explorée place le jeu comme nouvel espace de capacitation articulant le calculable et l’incalculable, c’est-à-dire ce que les designers de jeux désignent par le game et le play, règles et expérience, dans un contexte de production des savoirs littéralement mise à mal par des modèles statistiques dont les règles ne sont pas explicitées, compromettant ainsi toute forme de play, d’élaboration, d’interprétation. Le jeu avec Chat GPT est-il encore possible, tant il semble n’y avoir aucun « jeu » dans ce qui nous soumet au règne de la synthèse artificielle en inhibant toute forme d’analyse ? Est-ce encore un jeu, ou une ultime gamification, quand nous semblons condamnés à ne pouvoir gagner, sans jamais pouvoir perdre ?
Cette 17ème édition des Entretiens du Nouveau Monde Industriel entend apporter un éclairage théorique, historique et épistémologique sur le pouvoir du jeu à nous capaciter, dans l’interaction avec le calcul.